LE NOUVEAU DIALOGUE SOCIAL = LE « GRAND CHANTAGE SOCIAL ».
Lors d’une réorganisation la demande par le CHSCT d’une
expertise indépendante, conformément au droit du travail, suscite
une véritable panique auprès des dirigeants, et également
chez certains syndicats, les bénis-oui-oui pour lesquels
toutes les évolutions de l’entreprise sont inéluctables, et qui
sont devenus les forçats de la signature.
La panique est si forte qu’un nouveau type de dialogue
social est instauré en catimini et que l’on peut qualifier de « Grand Chantage Social ». Ce chantage s’exprime de fait ainsi
: si la nouvelle organisation est mise en place dans les délais,
avec un accord signé, les indemnités prévues seront de X
euros. Si la réorganisation se fait sans accord, ou si le calendrier
de mise en place est décalé, ou s’il y a une expertise (qui recule
de fait le calendrier), alors les primes octroyées seront considérablement
revues à la baisse, - X euros (Voir en encadré le tableau
comparatif communiqué par notre section de Paris au
STM-BRUNE).
Ce pseudo dialogue a pour objectif de faire pression
sur les syndicats et les agents qui contestent le bien fondé de la réorganisation/délocalisation, plus de mobiliser des agents
contre les syndicats qui luttent afin de les contraindre à ne pas
demander d’expertises, voire à signer un accord, bref à capituler.
En fait il s’agit de faire valider des suppressions d’emplois,
des délocalisations, en échange d’indemnités plus fournies.
Certes nous comprenons que nombreux sont les collègues qui
préfèrent toucher 3000,00 € et non 800,00 €, dans une entreprise
comme la Poste où les salaires débutants sont à peine au-dessus du SMIC, dans un contexte où les augmentations salariales sont bloquées depuis des années, et nous ne portons aucun jugement sur les choix de chacun-e.
Simplement nous tenons à souligner qu’il existe encore
des syndicalistes, comme de nombreux agents non-syndiqués, qui ont une éthique - oh le gros mot- et qu’il est normal de dénoncer cette méthode
qui vise à imposer des négociations ficelées, avec un scénario
concocté qui n’impose qu’un choix : la signature des syndicats
et la capitulation en rase campagne. Or ce scénario est mauvais, simpliste : il y aurait d’un côté les bons syndicalistes, responsables, biens propres
sur eux, stylo à la main, soucieux des intérêts des agents, qui ont tout compris, qu’il fallait s’adapter (choisir le profit contre le service public),
accepter toutes les « évolutions », et, de l’autre, les mauvais
syndicalistes, les irresponsables, les extrémistes, les jusqu’au-boutistes, ceux qui sont indifférents au porte-monnaie des agents, ceux qui refusent
toute discussion. Or la nature d’un véritable syndicat est de contribuer à la défense de tous les intérêts, immédiats comme lointains, des salariés.
C’est de ce point de vue que l’on ne peut demander à d’authentiques
syndicalistes de se contenter de signer un accord qui liquide des emplois (près de 100 000 perdus à la Poste en 10 ans), qui dégradent souvent les conditions de vie (transports plus longs, problèmes de crèches ou de nourrices, stress) en échange d’une prime plus élevée.
Car entériner ces accords c’est cautionner le chômage pour
nos enfants, nos petits-enfants, qui n’auront comme avenir que
l’alternance entre les boulots précaires et les files d’attente de
pôle emploi.
Alors face à ces désorganisations
incessantes nous devons
mettre en avant :
• La nécessité de la lutte
collective qui crée le rapport
de forces pour négocier.
• La déconnection de l’attribution
des primes fonctionnelles
ou géographiques de la
signature ou pas d’un accord.
Dans tous les cas le préjudice
est le même.
• L’application du droit du
travail en matière d’expertise
SANS représailles sur le plan
indemnitaire. (Ainsi pour l’avenir
le coût d’une expertise est
désormais budgété dans le
cadre du projet).
• Le respect du droit de
grève qui peut entraîner un report
d’une réorganisation
SANS représailles là encore
sur le plan indemnitaire.
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